Mon évaluation

Lorsque vous rédigez des documents normatifs tels que le projet institutionnel, les missions institutionnelles, le concept pédagogique ou la charte éthique de votre structure d’accueil, envisagez le thème du genre dans une perspective transversale. Instaurez par écrit le principe de l’égalité des sexes, puis formulez des objectifs et des mesures pour le concrétiser dans le quotidien de votre structure.

• Votre structure d’accueil énonce clairement que l’une de ses missions institutionnelles est d’instaurer l’égalité des sexes et l’égalité de traitement pour l’ensemble des collaboratrices, des collaborateurs et des enfants accueillis.
• Vous indiquez explicitement dans votre concept pédagogique que les enfants sont encouragés à essayer différents rôles.
• Vous réservez des plages de temps pour discuter avec votre équipe des rôles que notre société attribue à l’un et autre sexe.

En élaborant et en appliquant une charte éthique, vous instaurez des règles transparentes que toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs sont tenus de respecter sur leur lieu de travail — également vis-à-vis de l’extérieur. La charte éthique n’est pas seulement un moyen de prévenir les abus dans le travail quotidien avec les enfants ; elle protège également les collaboratrices et collaborateurs dans leurs relations professionnelles et permet d’établir un climat de confiance.

Il est indispensable que les structures d’accueil pré- et parascolaires fixent des règles de comportement valables pour toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs, par exemple sous la forme d’une charte éthique.

Dans le champ professionnel de l’accueil de l’enfance, on parle régulièrement d’une « suspicion généralisée » à l’encontre du personnel masculin. Il a été observé que les hommes travaillant dans les structures d’accueil faisaient souvent l’objet d’un préjugé les associant à plus fréquemment que les femmes au risque d’abus sexuel. Ce faisant, on néglige de considérer que les conduites abusives sont liées à la personnalité et non à l’appartenance à l’un ou l’autre sexe.

Élaborez une charte éthique avec votre équipe. Veillez à en informer chaque nouvelle collaboratrice ou nouveau collaborateur, et obtenez d’eux qu’ils s’engagent à le respecter.

Par crainte des réactions (notamment des parents) ou par peur de mal faire, des dispositions particulières peuvent s’appliquer à certains membres du personnel, surtout si ce sont des hommes.

De tels règlements d’exception sont contre-productifs et nocifs. Ils ne font que renforcer le soupçon qui pèse sur le personnel masculin. En conséquence, on évitera de mettre en place des règles ne s’appliquant qu’à certaines personnes.

• Vous proposez de rédiger une charte éthique comme projet d’équipe.
• Vous demandez à toutes les collaboratrices et tous collaborateurs de signer une déclaration par laquelle ils s’engagent à respecter la charte éthique. Cette signature fait partie intégrante de leur contrat de travail.

Le langage modèle les perceptions, les pensées et les actions. De même, il subit l’influence de nos représentations et cadres de pensées. Lorsque les mots employés dans une structure d’accueil, tant à l’oral et qu’à l’écrit, reflètent l’égalité des sexes, ils contribuent à ce que celle-ci devienne réalité.

Rédigez l’ensemble des documents émanant de votre structure d’accueil selon les règles de l’écriture inclusive. Veillez à ce que la sensibilité au genre ne s’exprime pas seulement dans la formulation des textes, mais également dans le choix des images, qui devraient représenter des personnes des deux sexes.

Accordez beaucoup d’attention aux mots que vous utilisez à l’oral dans le travail quotidien, de manière à ce qu’ils se réfèrent aussi bien aux femmes qu’aux hommes, et évitez les stéréotypes de genre lorsque vous parlez des enfants (et de vos collègues). Soulignez et valorisez par des paroles les comportements des enfants qui ne correspondent pas aux rôles stéréotypés que la société assigne traditionnellement aux filles et aux garçons.

• Vous utilisez à la fois la forme féminine et la forme masculine dans tous vos documents, ou vous choisissez des formulations neutres.
• Dans vos interactions avec les enfants, vous et votre équipe veillez avec un soin particulier à éviter les affirmations stéréotypées (par ex. « les garçons ne pleurent pas »), et à utiliser au contraire des formulations qui incluent filles et garçons (par ex. les conducteurs et les conductrices).

Certaines offres d’emploi, de par leur formulation, s’adressent plutôt aux femmes ou plutôt aux hommes. La formulation de l’offre est déterminante pour que les unes et les autres se sentent concernés et envisagent de poser leur candidature. En mentionnant explicitement les deux sexes dans l’annonce, vous signalez que les candidatures féminines et masculines sont également bienvenues.

Formulez votre offre d’emploi selon les règles de l’écriture inclusive. Décrivez les tâches de manière à ce que les femmes et les hommes se sentent concernés. Il peut être utile d’énumérer l’ensemble des tâches qu’implique le poste en matière de pédagogie, de socialisation et d’accompagnement. Abordez également les défis propres au quotidien professionnel.

Un taux d’activité flexible de 80 à 100 % élargit le champ des candidatures potentielles. Le cas échéant, signalez le profil particulier de votre structure (accueil en plein air, structure d’accueil intégrative, label QualiIPE). Donnez une description authentique du poste et de la mission. Diffusez l’annonce par différents canaux, dans des médias qui sont consultés par des femmes et des hommes.

Nous cherchons à engager

une éducatrice de l’enfance ou
un éducateur de l’enfance
(80-100 %)

Explorer le monde avec les enfants, accompagner et encourager leur développement, raconter des histoires, soigner une blessure, s’entretenir avec les parents, documenter ses observations : toutes ces tâches, et bien d’autres constituent le quotidien d’une éducatrice ou d’un éducateur de l’enfance. En tant que professionnelle ou professionnel, vous suivez des filles et des garçons depuis leurs premiers mois d’existence jusqu’à leur entrée à l’école enfantine. Votre travail a une influence déterminante sur le quotidien des enfants et sur leur développement futur. Vous veillez à ce qu’ils bénéficient toutes et tous des mêmes opportunités, indépendamment de leur sexe, leur milieu social, leur origine culturelle, leur langue et leur religion.

Vous aimez travailler dans une équipe motivée, prendre des responsabilités et accompagner des enfants au quotidien ? Alors vous êtes la femme ou l’homme qu’il nous faut !

Les études montrent qu’un homme postule plus volontiers dans une structure d’accueil où l’équipe est déjà mixte et où il ne sera pas le seul homme. Cela lui permet d’éviter de se retrouver dans le rôle de l’« oiseau rare ». Si votre équipe est mixte, il peut donc être utile de l’indiquer dans l’annonce.

Lors de la procédure d’embauche, procédez de la même manière pour toutes les candidates et tous les candidats (mêmes règles, critères identiques). Les entretiens d’embauche suivent une procédure standardisée et la sélection s’appuie sur des critères définis. Ces critères sont régulièrement ajustés en fonction des attentes. Les entretiens d’embauche doivent toujours être conduits par au moins deux personnes (validation croisée).

Important : appliquez aussi ces critères pour les entretiens avec les collaboratrices et collaborateurs.

• Vous posez des questions identiques à toutes les candidates et tous les candidats.
• Vous vous procurez les mêmes références et extraits de casier judiciaire pour toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs potentiels.

Les êtres humains ont tendance à attribuer certains traits de caractère, comportements ou activités à l’un ou l’autre sexe. La plupart du temps, il s’agit d’un processus inconscient. La société assigne une composante genrée à de nombreux aspects de la vie courante. Certaines tâches sont d’emblée considérées comme masculines ou féminines. Les enfants intègrent très jeunes ce type d’associations.

Les équipes mixtes peuvent de ce fait reconduire ces stéréotypes dans leur travail sans même s’en rendre compte. Toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs participent à ce processus, même s’ils n’en sont pas toujours conscients. Il est donc d’autant plus nécessaire de mener régulièrement une réflexion sur l’organisation du travail en se focalisant sur la dimension du genre.

Le principe est que « tout le monde fait tout » — en tenant compte bien sûr des différents niveaux de fonction et du profil de chaque poste. La mise en œuvre de ce principe nécessite qu’on encourage une compréhension réciproque de certaines tâches. Toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs sont soumis aux mêmes règles.

Distribuez les tâches en fonction des qualités et des intérêts individuels. Considérez également les différentes expériences et parcours biographiques. Pour (ré-) affecter les tâches, il peut être utile de mettre en place un système de tournus. Dans ce type d’organisation, chaque collaboratrice et chaque collaborateur remplit une certaine fonction durant une durée déterminée.

Parce que les hommes sont minoritaires dans le champ de l’accueil de l’enfance, leur présence y est souvent ressentie comme un événement un peu spécial. Un collaborateur masculin sera facilement perçu comme « l’homme de service » ou « l’autre », au lieu d’être tout simplement considéré comme un professionnel qualifié. Ses collègues pourront avoir envers lui des attentes supplémentaires, et parfois contradictoires, par exemple pour l’accompagnement des enfants (on s’attendra que ce soit lui qui joue au football avec eux) ou l’accomplissement de certaines tâches (on observera attentivement la manière dont il fait le ménage).

Réfléchissez avec votre équipe aux stéréotypes de genre et aux comportements qu’ils induisent. Vous contribuez ainsi à minimiser le poids des attentes qui pèse sur les individus des deux sexes. Discutez des activités que vous associez spontanément à l’un ou l’autre sexe. Échangez vos points de vue à ce sujet et identifiez les différentes opinions présentes au sein de l’équipe, en tâchant de comprendre pourquoi certaines propositions font consensus et d’autres pas. Examinez la répartition des tâches dans votre structure d’accueil afin de déterminer si elle est influencée par des stéréotypes de genre.

• Par le biais de questionnaires et d’activités ludiques, vous discutez et réfléchissez avec votre équipe aux représentations, rôles — et stéréotypes de genre.
• Lors de l’attribution des tâches, vous engagez une discussion avec votre équipe sur les représentations que les collaboratrices et collaborateurs se font de certaines activités.

Dans de nombreuses structures d’accueil, le coin « poupées » se trouve à bonne distance du coin « jeux de construction ». Cette division spatiale oblige les enfants à se décider pour un espace ou une proposition de jeu, à l’exclusion de toute autre. Ils en déduisent que ces activités n’ont rien en commun. Des couleurs différentes renforcent cette distinction. Les couleurs rose et mauve dominent ainsi souvent dans le coin « poupée », alors que dans le coin « jeux de construction », on trouvera plutôt du bleu et du vert.

Aménagez les locaux de votre structure d’accueil de manière à contredire intentionnellement les stéréotypes de genre. Faites voisiner des espaces de jeu connotés « fille » et « garçon ». Il peut être utile de concevoir une nouvelle répartition des espaces. Offrez dans chaque espace des possibilités de jeu diversifiées, afin que tous les enfants y trouvent quelque chose qui leur convient. Encouragez-les à jouer dans différents espaces. Prenez soin d’utiliser des couleurs variées.

Exemples d’aménagement

• Vous disposez les poupées à côté des jeux de construction.
• Vous placez les divers jouets dans des caisses rangées sur des étagères, afin que les enfants puissent les choisir eux-mêmes et s’installer où cela leur plaît pour jouer.
• Vous utilisez différentes couleurs dans tous les espaces de jeu.

Exemples de jouets et de matériel de jeu

• Dans la caisse contenant les déguisements, vous mettez à disposition différentes panoplies destinées tant aux filles qu’aux garçons. Les unes et les autres peuvent ainsi endosser une grande variété de rôles traditionnellement considérés comme masculins ou féminins. Outre des jupes, des sacs et des foulards, la caisse contiendra également des cravates, des chapeaux et des porte-documents.
• Vous installez au même endroit des matériaux pour bricoler et construire (par ex. papier, carton, bois).

Les structures d’accueil pré- et parascolaire sont des lieux d’expérimentation importants pour les enfants, également en ce qui concerne le développement de l’identité de genre. Dès l’âge de 2 ans, les enfants peuvent en général distinguer entre le « masculin » et le « féminin » et leur attribuer certains comportements. À partir de 5 ou 6 ans, ils adoptent déjà pour la plupart des jeux considérés comme typiques de l’un ou l’autre sexe.

Offrez aux filles et aux garçons des possibilités de développement variées au-delà des stéréotypes de genre, que ce soit par le jeu ou les interactions. Proposez-leur des jeux diversifiés et encouragez-les à expérimenter différentes visions du monde.

• Vous incitez les enfants à explorer différents rôles lorsqu’ils jouent à imiter des situations (par ex. le rôle d’une femme qui travaille à l’extérieur et d’un homme au foyer, lorsqu’ils jouent à « papa et maman »,).
• Vous chantez avec eux des chansons qui mettent en scène différentes visions des hommes, des femmes, des garçons et des filles, et qui se démarquent des rôles traditionnels.
• Vous présentez aux enfants des « contre-stéréotypes » « Anti-Stereotype » (par ex. des images de femmes astronautes ou informaticiennes, d’hommes couturiers ou infirmiers, etc.).

Il importe que la pédagogie prenne en compte le thème du genre, afin que les enfants puissent faire des expériences diversifiées et ne soient pas limités par une vision stéréotypée du masculin et du féminin. La mise en œuvre d’une telle pédagogie repose surtout sur un travail de sensibilisation et de réflexion au sein des équipes.

Des enquêtes ont montré que les professionnel·le·s de l’accueil de l’enfance sont souvent eux-mêmes convaincus que les filles et les garçons ont des centres d’intérêt différents ; partant, ils ne se comportent pas de la même manière envers les unes et les autres. Ils contribuent ainsi à orienter leurs représentations et leurs intérêts dans une certaine direction.

Abordez le thème du genre avec votre équipe. Discutez également des représentations qu’il suscite. Réfléchissez à la manière dont ces représentations influencent, ou sont susceptibles d’influencer les interactions avec les enfants (ainsi que la collaboration au sein de l’équipe).

• Vous menez une réflexion avec votre équipe sur les représentations que suscite le thème du genre.
• Vous et votre équipe analysez vos interactions avec les enfants pour déterminer si elles reproduisent des stéréotypes de genre, par ex. concernant le jeu : y a-t-il des différences entre les types de jeux proposés aux filles et aux garçons ?

Notre société a tendance à considérer que les mères sont les principales responsables du soin et de l’éducation des enfants. Il en résulte un préjugé — souvent inconscient — qui affecte les relations et la collaboration avec les parents en tant que partenaires éducatifs. S’y ajoute le fait que l’accueil institutionnel des enfants est généralement perçu comme une tâche essentiellement féminine.

Réfléchissez avec votre équipe aux représentations et rôles traditionnellement associés aux pères et aux mères. Observez attentivement quelles informations sont transmises à quel parent, et pourquoi. Veillez à ce que les deux parents soient invités aux entretiens et rencontres, et qu’ils reçoivent les mêmes informations. Votre structure d’accueil signale ainsi qu’elle attache une égale importance au partenariat éducatif avec les deux parents et qu’elle les traite de manière identique.

• Vous informez les pères et les mères de manière identique sur le quotidien de leurs enfants dans la structure.